Couleur locale

Dans un pays imaginaire (si cet imaginaire ajoute vraiment quelque chose à ce pays), à la suite de la découverte d’une tête dans les faubourgs d’un port coincé entre mer et désert, constitué d’éléments mémorisés à Dakar, à Papeete, à Abidjan, à Nice et à Marseille, l’inspecteur et son adjoint s’efforcent, chacun de leur côté plutôt qu’ensemble, de suivre les fils fragiles dont ils disposent, dans le flou le plus complet. Cette tête sans corps, obsédante, n’est pas sans infecter la leur et la vie des proches, voire ce livre lui-même, éventuellement ses lecteurs. Leurs couples s’en ressentent... Le temps passe en petits riens, en grandes questions, en vagues tentatives de survie personnelle ; les choses s’étirent, la chronologie se tord ; Tony meurt, Geneviève se fait pincer par la police, Simone déménage, Kikie meurt noyée, Leila se marie, l’Hôtel Saïd décline, la Gazelle change de main, Mademoiselle Röntgen quitte la légation, Christof Christofsen perd un peu les pédales, Bashir décolle, les frères Mouloud prospèrent, le monte-en-l’air est au plus bas, Mokbar se marie. Plus de quatre ans ont passé. L’inspecteur a pris sa retraite et l’adjoint est monté en grade. Après qu’ils se soient rencontrés par hasard, les choses se précipitent : une seconde tête tombe. On envoie un spécialiste chargé de régler la question... Débuté en 2007 sous le titre L’inspecteur, puis réécrit plusieurs fois et révisé finalement en 2013, Couleur locale s’est poursuivi régulièrement après un an de blocage complet (2007), à la première décapitation, soit alors, précisément à la quarantième page, je m’en souviens. C’est un roman noir exotique qui m’a donné du fil à retordre alors même que je croyais m’accorder la détente d’un petit roman de genre amusant qui me reposerait de choses plus ambitieuses.