Sido

Publié en 1929, Sido n’est pas un simple hommage filial. C’est une exploration intime de la source même du regard de Colette — ce regard singulier qui fait de la nature, des gestes, des voix et des silences, des éléments vivants d’un monde disparu mais toujours vibrant. Le livre se lit (et s’écoute) comme une conversation posthume entre la fille et la mère, où les souvenirs se fondent dans la lumière d’un jardin. Sido, la mère, y apparaît non pas comme un personnage idéalisé, mais comme une force immobile, presque mythique : une femme enracinée dans la terre, dans les saisons, dans une sagesse instinctive que la modernité ne pourra jamais égaler. À travers elle, Colette recompose le monde de son enfance — non pas pour s’y réfugier, mais pour comprendre ce qu’elle est devenue. Chaque détail, une fleur, un parfum, un mot, devient une manière de dire l’amour, la perte, la transmission. C’est moins une autobiographie qu’un rituel de mémoire, un retour à la source du regard et de l’écriture. Le style, limpide et sensuel, épouse la respiration des choses naturelles. Il n’y a pas de nostalgie appuyée, mais une reconnaissance tranquille : celle d’une femme qui sait que le passé, loin d’être mort, continue de fleurir dans la langue.