Maïnis
Afrique du Nord, 1954, côte du Dahra : une année de braise. Nous avons contemplé la plaine, dans le soir, quand les hommes remontent sur la route, que le soleil rouge leur fait de grandes ombres qui s’allongent de plus en plus, que les chiens s’étendent sur le sol pour se reposer de la chaleur du jour et que les enfants profitent de la fraîcheur pour courir en tous sens. Les feux s’allument à l’arrière des maisons et l’on croit déjà humer les fumets des agapes vespérales tandis que, dans les froissements du petit vent, les quelques sons qui nous parviennent, assourdis, témoignent paisiblement de cette vie qui nous enchante. « C’est bien beau, tu sais, l’Algérie et cette vie des Algériens, m’a dit mon père. Souviens-t-en, mon fils, souviens-t-en toujours ». Voilà à leur éveil des personnages tirés de l’oubli, se dressant tels qu’ils furent, en un paradis lointain : une maison des flots, une ferme forteresse, un café-maure, un cocher, un gardien de vignes, des figuiers de Barbarie, des oncles et des tantes, des cousins, des cousines, dans la lueur brique du soleil couchant. Demeurent également quelques saveurs aux charmes oubliés : le parfum brun-sucré de l’Antésite, l’odeur du garage à bateaux, cordages, mazout et sel, et la senteur des palmiers nains du nord de l’Afrique. Ici sont les derniers feux de l’enfance et le dernier été sur cette terre de paille et de sel, brûlée par le soleil. Cet été de trois mois que constituaient alors les grandes vacances. Parlèrent alors la nature et les hommes, en un bouleversement absolu. Que reste-t-il de ces vagues d’émigrants qui avaient peuplé ce beau pays ? Ouvriers de 1848 empierrant les chemins, décimés par le choléra, vaincus de la Commune, réfugiés d’Alsace-Lorraine, paysans de la vallée du Rhône, du Gard ou de l’Hérault, arméniens ou juifs rêvant de la France éternelle, commerçants maltais, napolitains, mahonnais, ou manœuvres affamés fuyant l’Estrémadure ? Sans doute le souvenir de la douceur de vivre, comme l’écrivait Camus, en « cette sorte d’île immense, défendue par la mer mouvante au nord et au sud par les flots figés des sables » où ces hommes et ces femmes passèrent « à peine plus vite que ne l’avaient fait pendant des millénaires les empires et les peuples... » À travers le regard d’un enfant, le roman de la fin d’un monde.
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