ALMERIA 68

« Ces histoires peuvent paraître incroyables, mais je jure qu’elles sont toutes vraies. » Michael Caine Et des histoires, de janvier à mars 1968, il va s’en passer à Almería, désert de poche andalou bordé par la mer et abandonné par Franco, « capitale mondiale du cinéma » où viennent se bousculer les productions plus ou moins fauchées des studios étrangers… Sur ce pauvre territoire où les palaces poussent plus vite que les jonquilles un jour de pluie, les classiques d’hier (Lawrence d’Arabie, Cléopâtre…) ont cédé la place à pas moins de sept tournages internationaux : westerns tradi (Shalako), spaghettis (Il était une fois dans l’Ouest…) et frenchy (Une corde un colt…) le disputent désormais aux films de guerre (Play Dirty) et de braquage (Les Hommes de Las Vegas). Et en marge des plateaux ou devant la caméra, tous les coups sont permis : règlements de compte, tentatives d’arnaque, flirts contrariés, batailles d’ego, fêtes d’anthologie, petits arrangements et gros coups de gueule, cascades risquées, articles à scandale… Sans parler des caprices de Mère Nature ! Mais que diable allait faire Brigitte Bardot dans cette galère ? Oublier sa love story avec Gainsbourg en tournant avec un Sean Connery dégoûté de James Bond. Michèle Mercier et Robert Hossein, eux, tâchent de rebondir après Angélique, Michael Caine espère enfin devenir une star – une vraie –, sous l’œil d’un René Clément en mauvaise posture, Sergio Leone met en boîte une séquence de sa nouvelle fresque cinématographique, et la toute jeune Jane Birkin pleure sur l’épaule de son frère la fin d’un mariage malheureux avec John Barry. Grand conteur des aventures du 7e art, Philippe Lombard relate, dans cet ouvrage (d)étonnant, la fin des sixties dans ce coin de désert à l’extrême-sud de l’Europe, avant la tornade de Mai-68.