Présentation sous forme de cut-up d’échanges de mails avec l’auteur : Ecrit en 2 jours (16 / 17 novembre 2008) Pollock est debout. Obsession terrible. Notes notes notes notes pendant deux jours. Au final j’étais minable. La loco : pollock, pollock, pollock. Fallu aller au bout pour taire. Alors voilà j’ai essayé froidement, et à peine déjà au bout de 2, 3 pages, j’étais ému à nouveau, comme lors de la première lecture. Quelque chose du geste magique, un geste lâché ? Bien sûr c’est Pollock, et pour moi ça cause, mais je ne cherche pas à comprendre : ça me touche, pas grand chose d’autres à en dire. Rares sont les livres que je lis d’une traite, mais là j’y suis allé jusqu’au bout, facilement, porté. Par exemple, la page, centrale, Et c’est versant sa grolle que Pollock se révèle. C’est stupide. Le geste de verser verse Pollock. En versant sa grolle, toute l’usure de sa grolle, Pollock se verse dans mes yeux, c’est simple. C’est Pollock et ce n’est pas tout à fait Pollock... c’est au-delà ou en deçà, dans un dedans de langue qui s’ivre. "Pollock", et ce mot se remplit, puis se vide, se pollock encore et bien plus, perd substance comme mot infiniment répété en se remplissant. Des sortes de petites "fictions" : soixante-sept. "Fictions" car Pollock c’est aussi la somme de toutes les figures qu’il laisse passer par sa figure. Aussi parce que fiction, c’est ce qu’on a de plus vrai, de plus intime et qui nous échappe tout à fait. Pollock est venu foutre un coup de pied dans ce tas-là. La fiction, nous n’avons que ça de vie. Nous vivons dans un tissu de scénarios complexes. Des histoires qu’on se raconte, projets, fantasmes, etc. De toute façon, dès qu’on ouvre la bouche, on passe dans la fiction. Voilà, je crois que j’ai pigé pourquoi pendant très très longtemps je n’ai pas parlé. Je ne pouvais pas supporter ce passage. Armand Dupuy, une langue souvent dans la peinture, compagnonnage qui semble dater, voir par exemples son dehors / hors de / horde et son Distances. A rapprocher d’ailleurs, même époque et même mouvement peut-être, du Robert Frank de De Jonckheere ? 9’32 c’est la durée du film de Namuth en 1951 dans lequel on voit Pollock peindre avec les gestes, et l’énergie, courbé, la tension sur les grands formats au sol, dehors, ou dans les autres films, dans la grange. Mais sans tout révéler, c’est aussi le film dans lequel on voit Pollock qui verse sa grolle et de laquelle grolle tombe un truc. Grosse pièce de monnaie ? Ou bout de ferraille ronde qui tourne au sol ou peut-être une toupie, un tournevis, une clé de 12, sa montre à gousset, le capuchon de la caméra de Namuth (on n’arrivait pas à remettre la main dessus), un bouchon d’un petit pot de confiture... un petit bouchon d’un petit pot d’acrylique bon marché pour peintre en bâtiment du dimanche ? Pollock, 1947 : On the floor I am more at ease, I feel nearer, more a part of the painting, since this way I can walk around in it, work from the four sides and be literally in the painting. Armand Dupuy ne l’a pas inventé. Juste ce truc obsédant. C’est là que Pollock est venu faire le boulot. Là le nœud minuscule, l’impulse qui a emmené sur le glissoir d’écrire. Deux jours non stop... Allez on écoute, on laisse couler, on prend le temps de laisser "écouler" ce mouvement là. Celui de Pollock ? fred...
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